22 mars 2023

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Félix Tshisekedi Tshilombo | Président de la RDC

État de droit, un mort-né qu’on va bientôt porter au cimetière

 

Selon la définition de l’OMS, un enfant mort-né correspond au décès d’un produit de conception lorsque ce décès est survenu avant l’expulsion ou l’extraction complète du corps de la mère, indépendamment de la durée de gestation. Les causes possibles du décès sont multiples et variées, il peut s’agir d’une anomalie vasculo-placentaire ou un diabète préexistant non stabilisé, etc. Et à l’instar d’un enfant mort-né, l’Etat de droit à la congolaise n’a jamais vu le jour. Ou plus exactement, il est venu au monde, mort, étouffé dans l’œuf par son propre géniteur ? 

Dans ce billet, nous n’allons pas revenir sur les différentes causes de ce décès pourtant évitable avec un peu de bonne volonté. Nous allons nous appesantir par contre sur le dernier clou qui vient d’être planter dans le cercueil de l’État de droit et de sceller à jamais le destin de cet enfant qui avait pourtant tout pour plaire, réussir et surtout unir toute la nation congolaise derrière son président de la République.

Le dimanche 15 janvier 2022, à la suite d’une série d’ordonnances lues à la RTNC par un journaliste un tantinet hésitant et tremblotant, le chef de l’État Félix Tshisekedi Tshilombo restructure et remanie son cabinet. Ces changements interviennent après un voyage décevant, navrant, affligeant du président de la République dans le Kasaï de ses « mashi a mumenu ». Parti y fêter le nouvel an, inspecter et inaugurer certaines infrastructures initiées par lui-même, Félix Tshisekedi, la mort dans l’âme, y découvre plutôt le détournement de deniers publics dans toute sa splendeur. Le terme désormais consacré dans le lexique congolais est « Frappe ». Il y constate non pas une mais des frappes lunaires à même de retourner Lumumba ou plutôt sa relique reposant à jamais dans son mausolée en verre et en béton de l’échangeur de Limete.

La construction de l’Université Officielle de Mbuji-Mayi stagne, des mois après le lancement des travaux et après avoir décaissé près de 42 millions de dollars américains issus du maudit RAM, l’entrepreneur consolide toujours la fondation. S’apprêtent-ils à nous bâtir une Harvard à Mbuji-Mayi, comme celle promise aux étudiants de Mbandaka, pour que les travaux de consolidation de la fondation prennent presque toute une année ? S’interrogent les congolais qui découvrent comme le président de la République, la frappe de l’UOM.

La réhabilitation ou la construction de la route Mbuji-Mayi-Kananga n’a jamais débuté mais l’argent avait pourtant déjà été décaissé. Une autre frappe qui décontenance le président de la République.

La construction de la route de Kalambambuji devant relier Kananga à l’Angola et désenclaver toute la région frappée par divers crises économiques et alimentaires, patine. Les frappeurs qui se recrutent notamment parmi les conseillers du chef de l’État, accusent à leur tour la SNCC de lenteur dans la livraison des engins. Vite une délégation est dépêchée à Lubumbashi s’enquérir de la situation auprès du PDG de la SNCC Fabien Mutomb, lui aussi haut cadre du parti présidentiel. On n’ose même pas imaginer le cas où le PDG aurait été d’une autre obédience politique.

Au Kasaï, le président encaisse sa déroute, sa bérézina. Et une fois à Kinshasa, le couperet tombe. Exit le tout puissant conseiller, Jean-Claude Kabongo, chargé des investissements. Exit Taupin Kabongo, le secrétaire particulier. Fortunat Biselele, le conseiller privé du chef. Ce dernier se retrouve même à Makala pour une obscure affaire d’espionnage en faveur du Rwanda. Danny Banza, l’autre homme fort du régime, se retrouve désormais en train de conseiller le chef de l’État sur la réforme de la Police Nationale Congolaise. Un changement qui vaut une réprimande, un congédiement tout en douceur. L’homme est katangais et cette région en proie aux velléités sécessionnistes serait hostile au chef.

Le président remanie son cabinet en y chassant, et on ose le croire, tous les frappeurs affairistes sans foi ni loi qui ont dépouillé sans vergogne aucune, les caisses de l’État et les entreprises minières publiques ou privées pendant quatre longues et terribles années. Mais le chef de l’État s’arrête-là. Aucune poursuite judiciaire n’est lancée contre qui que ce soit.

Le procureur général d’habitude prompt à s’autosaisir lorsqu’il pense qu’un opposant ou un artiste musicien a lésé le chef de l’État, est resté et reste muet comme une carpe, comme un mort. Quelle est donc cette justice qui ne punit jamais ses enfants les plus riches ? Quelle est donc cette justice qui ne s’applique qu’aux pauvres et autres personnes sans parapluie ? Au Congo Démocratique, la sanction lorsqu’on on vole l’État est-elle de céder sa place à une autre personne pour qu’elle aussi puisse se servir jusqu’à ce qu’une autre ordonnance ne vienne lui signifier la fin du temps de vole qui lui a été imparti ?

Les maires des villes quittent leurs fonctions en laissant dans les caisses, 3500 francs congolais, 250 francs congolais, sans que cela n’émeuve personne. Même les morts sont étonnés. Et pourtant une bonne justice élève une nation, mais la nôtre, a choisi de regarder la RDC s’enfoncer chaque jour dans l’abîme de la médiocrité.

L’État de droit mort-né a reçu son dernier clou. Maintenant on attend les élections pour enterrer cet enfant né, mort, à l’aune de la prise de pouvoir de Félix Tshisekedi.

La rédaction | Empreinte Magazine.